UN REPUBLICAIN CONVAINCU, GRAND DEFENSEUR DES VALEURS REPUBLICAINES ET DE L’INSTRUCTION POUR TOUS
QUELQUES DATES:
6 octobre 1815 : Naissance de Charles-Auguste Ladame à Séraincourt dans les Ardennes au sein d’une famille de cultivateurs.
Vit quelques années à Paris. Devient homme d’affaires ? Fréquente les clubs républicains et des personnalités telles que M. Dupont de l’Eure, Ledru-Rollin, Arago, Lamartine…..
1856 : Installation à Jaux dans la maison récemment construite dont il est propriétaire située rue principale, près de l’Eglise, qui deviendra la rue Charles Ladame après sa mort en son hommage.
1 juin 1865 : Mariage avec Désirée Clara Lagrue, veuve, mère de 2 filles (Clara Aglaée, 17 ans et Marie Augustine, 8 ans)
La période politique est très troublée. La nomination des Maires varie suivant les lois de la nomination par le pouvoir en place via le Préfet à l’élection par le conseil municipal.
Du 9 septembre 1865 à mars 1869 : 1er adjoint au Maire Pierre Marie Eveloy
Du 18 mai 1871 à Février 1874 : Maire de Jaux
Du 8 octobre 1876 au 3 octobre 1881 Maire de Jaux
Président du Comité de l’Union républicaine (arrondissement de Compiègne) Conseiller d’arrondissement
3 octobre 1881 : Décès de Charles Ladame à Jaux
8 décembre 1883 : Décès de Désirée Clara Ladame
Dans son testament, fidèle à ses convictions républicaines et pour répondre aux besoins d’instruction pour tous dans la commune, Charles Ladame lègue sa maison à la commune pour y aménager une Ecole Communale Laïque de Filles.
Son épouse, Désirée Clara Ladame, en a eu l’usufruit jusqu’à sa mort.
Fin décembre 1883 : La volonté de Charles et Désirée Ladame est effective: la commune de JAUX devient propriétaire de leur maison afin de l’aménager en Ecole Communale Laïque de Filles.
Extrait du Progrès de l’Oise du 6 octobre 1881
Hier lundi est mort, à Jaux, à l’àge de soixante- six ans, M. Charles-Auguste Ladame, président du conseil d’arrondissement de Compiègne, maire de la commune de Jaux.
Atteint d’une douloureuse maladie, qu’il savait sans remède, ce n’est, il semble que par l’énergie de sa volonté que M. Ladame a pu résister si longtemps à ses étreintes.
Il était de ceux qui meurent debout, et il y a quelques jours, lors des élections législatives, nous l’avons vu le front déjà couvert d’une pâleur funèbre, rassemblant ses forces et recueillant son souffle, venir au milieu des réunions publiques, lutter encore pour les principes de toute sa vie. Il a vu la mort d’un œil calme, et détail qui montre bien ce cœur stoïque: c’est lui-même qui a rédigé le modèle du billet de faire part destiné à annoncer à ses amis qu’il n’était plus; c’est de sa main qu’il a voulu l’écrire, ne laissant en blanc à remplir que le jour du mois…
Tout le monde le connaissait l’arrondissement, le département, l’ont vu à l’œuvre à toutes les élections depuis dix ans. Il n’avait pas attendu les événements de 1870 pour être républicain. Son inflexible logique, le trait dominant de son esprit, lui avait révélé que le second empire était condamné par son principe même à une issue fatale.
Il aimait à rappeler sa campagne anti-plébiscitaire en 1870, campagne dont, il avait été complimenté dés cette époque par une lettre de M. Gambetfa
Plus d’une voix éloquente et autorisée se fera entendre au-dessus de la tombe de M. Ladame. On rendra l’hommage qu’elle mérite à la vie tout entière de dévouement à la chose publique de ce vaillant citoyen, de ce patriote, qui n’a mérité parfois le reproche d’apporter trop de passion dans la défense de ses idées, que parce qu’il appartenait par son cœur et par son esprit à cette race des âges héroïques, on l’on croyait à la République avec la conviction de la géométrie, avec l’enthousiasme de la religion.
L’enterrement civil de M. Ladame aura lieu, à Jaux. le jeudi 6 courant, à deux heures après-midi.
On se réunira à la maison mortuaire.
On lit dans l’Oise Républicaine :
MON CHER AMI.
Mercredi dernier, en apprenant la triste nouvelle de la mort de M. Ladame, j’ai aussitôt écrit à M. Lefebvre Saint-Ogan une lettre destinée aux colonnes du Progrès de l’Oise
Cette lettre n’a point paru dans le numéro d’aujourd’hui samedi 8 octobre.
Je ne puis deviner les motifs qui en ont empéché la publication.
Comme je tiens beaucoup à ce qu’elle soit publiée, j’ai recours à la bonne hospitalité de l’Oise Républicaine.
Pardon, merci, et bien cordialement à vous
E. GELLION-DANGLAR
On lit dans le Progrès de l’Oise
A Monsieur G. Lefebvre Saint-Ogal, rédacteur en chef du Progrès de l’Oise, Compiègne.
Paris, boulevard Péreire, 141, le 5 Octobre 1881.
CHER MONSIEUR,
J’apprends à l’instant, en revenant ce matin, très fatigué et tres souffrant d’une courte excursion dans l’Orne, la perte cruelle que vient de faire le parti républicain tout entier de l’arrondissement de Compiègne
L’état de ma santé ne me permet pas de me joindre à ceux qui rendront demain, les derniers devoirs à M. Ladame. Je serai, je n’ai pas besoin de le dire, de pensée et de cœur avec eux, et je tiens à répéter ici publiquement ce que j’écris à celle qui fut la courageuse et infatigable compagne de ses travaux, de ses douleurs et de ses trop rares joies, que le coup dont elle est frappée, atteint en même temps tous les amis de l’honorable M. Ladame, au nombre des- quels je crois pouvoir revendiquer une place.
Qu’il me soit permis de suggérer à tous les républicains de notre arrondissement, sans distinction de nuances, une idée dont la publicité justement autorisée de votre journal et le concours du nouveau député de l’arrondissement, mon excellent ami, M. Edmond Robert, assureront le succès.
Ne serait-il pas souhaitable, à tous les points de vue, qu’une souscription füt ouverte dans les colonnes du Progrès de l’Oise, afin d’élever sur le territoire de la commune de Jaux un monument à Charles-Auguste Ladame ? Ce serait un legitime tribut d’affection et de reconnaissance offert par les républicains à celui qui leur donna toujours l’exemple de la fermeté, de l’énergie, de la persévérance, du patriotisme, du courage civil et d’un inaltérable dévouement à la grande et noble cause de la République.
Veuillez, si cette idée est adoptée, me réserver une place sur la première liste do souscription.
Agréez, je vous prie, cher Monsieur, etc.
E. GELLION-DANGLAR,
Ancien Sous-Préfet de Compiègne, Préfet en non-activité.
LES OBSEQUES DE M. LADAME
Hier jeudi, à deux heures, ont eu lieu à Jaux, les obsèques de M. Ladame, maire de cette commune et conseiller d’arrondissement.
Un grand nombre de personnes de Compiègne et des environs y assistaient nous y avons remarqué :
M. Edmond Robert, député, M. Chovet, maire de Compiègne, conseiller général, M. Boursier, conseil- ler d’arrondissement, M. Quévin, adjoint de Com- piègne, MM Ancel, Guéry, Quenolle, Bouchinet, Rabot, Bérenger, Barbillion, Lambin, conseillers mu-nicipaux de Compiègne, M. le capitaine Lemaire, an-cien conseiller municipal, M. Pluchart, inspecteur administratifs au ministère des services l’intérieur, de M. Lambert, inspecteur primaire, M. Jacquet, secré- taire de l’Union républicaine, M. Gallois, de Fran- cières, MM. Bontems et Wargnier, maire et adjoint de Verberie, MM. Piart et Meunier, de Pierrefonds; des maires, conseillers municipaux et instituteurs des communes environnantes, etc.
M. Gellion-Danglar, ancien sous-préfet de Compiègne, et préfet en disponibilité, s’était excusé par lettre sur l’état de sa santé.
En tête du cortège, marchait la Compagnie d’arc de Jaux, dont, M. Ladame était connètable. Sa bannière et son tambour qui faisait, entendre un roulement funèbre étaient garnis d’un crêpe.
Sur le cercueil, qui disparaissait, sous les fleurs et les couronnes étaient posés les insignes de connétable des archers et l’écharpe municipale. Quatre conseillers municipaux de Jaux portaient le coin du drap, suivant le vœu exprimé par le défunt.
Derrière venaient, appuyée sur le bras d’un parent, l’infortunée veuve, la famille et les amis portant tous, à la boutonnière, une fleur d’immortelle.
Au cimetière où l’on se rendit directement, quatre discours ont été prononcés.
M.Fouquet, conseiller municipal de Jaux, a pris le premier la parole. Il s’est exprimé en ces termes :
MESSIEURS,
Au nom du Conseil municipal et des démocrates de la commune de Jaux, dont je suis le délégué, je viens en cette malheureuse circonstance rendre le dernier hommage à l’illustre citoyen dont cette tombe sera désormais la der- nière demeure.
Cette mort prématurée est assurément bien douloureuse pour sa famille et ses nombreux amis; mais elle l’est aussi pour sa commune adoptive, et pour son Conseil municipal, qui, en perdant son maire, perd un trésor qu’il ne remplacera pas ; un autre maire pourra avoir le même soin paternel et le même désintéressement, mais il n’est pas possible de le remplacer comme administrateur.
Puissent ses mânes nous inspirer et nous guider dans la tâche difficile que nous avons à traverser.
Maire regretté, ton Conseil municipal te fait ses adieux au nom de la démocratie et de la République dont tu fus toujours le zélé défenseur. Vive la République !
L’INAUGURATION DU MONUMENT DE M. LADAME
Extrait du RÉVEIL DE L’OISE.
Nous devons à ceux qui, plus anciens que nous, ont lutté dans des temps plus difficiles, de conserver et d’honorer la mémoire des efforts prodigués au service de la cause commune. Ils nous donnent en retour l’enseignement de leur persévérance, de leur fermeté, de leur énergie qui ne fut jamais en défaut, et c’est là notre soutien en face des défaillances et des désillu- sions de chaque jour.
Démocrate ardent, libre-penseur convaincu, notre ami Ladame a, jusqu’au bout, mis en harmonie sa conduite particulière avec les principes politiques et sociaux qu’il professait.
C’est un enseignement auquel nous applaudissons nous, libres-penseurs comme lui. Car combien sont rares encore ceux qui osent le donner dans la plénitude de leurs convictions, dans toute la sincérité de leur conscience.
Fils de générations qui pendant des siècles ont subi les compressions réitérées de tout l’appareil du despotisme monarchique et religieux, subissant une inéluctable loi d’hérédité, nous portons encore malgré nous, le joug des tyrannies passées.
Il voulait substituer au règne des intrigues et de l’argent celui des principes et de la justice. Les traditions ne sont pas perdues en ce monde, où rien ne se perd, et où tout se transmet.
Sur sa route tracée, des hommes d’énergie iront jusqu’au bout. Nous l’affirmons sur la mémoire de celui dont les suprêmes désirs furent l’élévation de sa patrie, et la libération de son département.
Les arrondissements de Beauvais et de Clermont étaient représentés par MM. Garbet, Max-Lesage, et Armand Rendu, conseillers d’arrondissement.
M. Jean Bernard Passerieu, directeur de ce journal, retenu à Paris par un cas de force majeure, avait exprimé au Comité républicain de Compiègne, les regrets pour cette absence très douloureuse pour lui, qui avait été l’admirateur, l’ami, le confident des dernières pensées politiques de M. Ladame.
UN REPUBLICAIN CONVAINCU, GRAND DEFENSEUR DES VALEURS REPUBLICAINES ET DE L’INSTRUCTION POUR TOUS
Extrait de l’hommage rendu par M. Fouquet, au nom de la commune, lors de l’inauguration du Monument de M. Ladame
Le 28 janvier 1883 :
M. Ladame a été apte à reconnaitre qu’il fallait au suffrage universel un puissant auxiliaire:
l’instruction ; mais une instruction solide, dégagée de tout équivoque ; non pas de cette instruction, dont le mobile est fondé sur l’hypocrisie et la spéculation, mais sur une étude qui éclaire, qui apprend à aimer la Patrie, en un mot, qui fait des hommes, des citoyens. C’est pourquoi M. Ladame n’a cessé jusqu’à la mort de réclamer de tout son zèle, l’instruction obligatoire, gratuite et laïque.
ECOLE COMMUNALE LAÏQUE DE FILLES
Dans son testament, fidèle à ses convictions républicaines et pour répondre aux besoins d’instruction pour tous dans la commune de Jaux, Charles Ladame, Maire de Jaux, lègue sa maison à la commune pour y aménager la nouvelle Ecole Communale Laïque de Filles
Le legs sera effectif après le décès de son épouse en décembre 1883.
Septembre 1884: Délibération du conseil municipal décidant d’engager l’aménagement de la maison léguée à l’usage d’école de filles.
1 janvier 1984: Ouverture d’une nouvelle école au 100 Rue Charles Ladame regroupant les 4 classes isolées dans différents bâtiments de la commune. Fermeture de la salle de classe située dans « l’école de filles ».